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L'Alliance franco-russe 1891-1914
L’ALLIANCE FRANCO-RUSSE, 1891-1914
L’Alliance franco-russe fut conclue à la fin du XIXe siècle pour faire face à la Triple Alliance (Empire allemand, Autriche-Hongrie, Italie). Elle fut souvent identifiée aux grands ports - Cronstadt, Toulon, Cherbourg, Dunkerque - dans lesquels eurent lieu les principales rencontres qui, d’Alexandre III à Nicolas II et de Sadi Carnot à Raymond Poincaré, ont ponctué son histoire entre 1891 et 1914.
Cette dimension navale de la diplomatie de l’époque, dont le retentissement populaire fut considérable, est illustrée par un ensemble d’objets, de toute nature, conservés dans les collections du musée.
Les cadeaux diplomatiques
Parmi les objets remarquables figurent les cadeaux offerts par la Russie aux officiers et navires français lors des différents déplacements des forces navales françaises et russes.
La gestion des présents de l’empereur revenait à une institution, le Cabinet de Sa Majesté Impériale, qui s’adressait aux manufactures nationales ou aux fournisseurs brevetés de la Cour. Les plus précieuses de ces pièces ont donc été réalisées par les grands orfèvres de Saint-Pétersbourg et de Moscou, tels Carl Fabergé, Braguine, Pavel Ovtchinnikov ou les frères Gratchev. Elles sont caractérisées par des formes et des décors empruntés à la tradition nationale et par des techniques d’émaillerie anciennes, l’une des expressions artistiques russes les plus originales de cette période. Certaines de ces coupes, appelées en Russie kovsh (récipient à boire oblong) et bratina (coupe de la fraternité), sont des chefs-d’œuvre de ce style.
Peter Carl FABERGÉ, Coupe aux bogatyrs, vue d'ensemble et détail, argent doré, pierres précieuses et semi-précieuses © Musée national de la Marine/A.Fux
Les villes et les institutions qui recevaient la Marine française procédaient de même et offraient des présents, à la fois symboles de l’amitié entre les deux nations et reflets de la culture nationale.
La France, de son côté, n’était pas en reste et faisait appel à ses meilleurs artistes, comme le maître de l’École de Nancy Émile Gallé, le bijoutier Lalique, l’orfèvre Falize, le bronzier Thiébaut et le graveur Jules Chaplain, la Monnaie de Paris ou les manufactures de Sèvres et des Gobelins.
Les plus grands peintres de marine des deux nations étaient également sollicités à titre officiel pour immortaliser les rencontres. Citons pour la Russie Blinov, Bogoliubov et ses élèves Gritsenko et Tkatchenko, et pour la France Eugène Chigot, Émile Noirot, Paul Jobert ou Eugène Dauphin dont les œuvres sont aujourd’hui, pour la plupart, conservées dans les collections publiques russes et françaises.
Nicolaï GRITSENKO, Visite du président Félix Faure à Cronstadt, le 23 août 1897, Huile sur toile
© Musée national de la Marine/P.Dantec
Les objets souvenirs
Dès 1893, au moment de la première visite d’une escadre russe à Toulon, l’Alliance eut un immense retentissement populaire, comme en témoignent de nombreux échos dans la presse illustrée et la quantité d’objets souvenirs commercialisés à cette occasion.
Certains contemporains ont eu conscience du caractère exceptionnel de cette production et en ont fait la collecte. Parmi ceux-ci le publiciste Philippe Deschamps fait figure d’exception : il rassemble plus de trente mille objets de toute nature qu’il présente boulevard Poissonnière à Paris, au sein d’un éphémère musée Nicolas II. En 1899, après avoir classé et catalogué toutes ces pièces, il les distribue à plusieurs villes et institutions françaises et russes liées à l’Alliance.
Juliette Adam, directrice de la Nouvelle Revue, va jouer également un rôle important :elle est l’instigatrice d’un « Comité du Souvenir » qui commande des bijoux franco-russes destinés à tous les marins russes présents à Toulon en 1893.
Véritables outils de communication au service du politique, les objets souvenirs édités au moment de l’Alliance franco-russe sont les témoins de l’enthousiasme suscité en France par les visiteurs russes. Ils attestent également la réalisation en masse de produits dérivés.
Porte-monnaie, souvenir de l'Alliance franco-russe, 1893, cuir décor au fer,
© Musée national de la Marine/A.Fux
Ces collections évoquent la diversité de la production du souvenir liée à l’Alliance, à l’aide d’objets très variés appartenant aussi bien à l’orfèvrerie et à la peinture qu’aux arts graphiques, à l’industrie céramique et textile ou à celle du métal.
Cette exposition virtuelle est inspirée par l'exposition Cadeaux des Tsars. La diplomatie navale dans l'Alliance-Russe, 1891-1914. Exposition organisée dans le cadre de l'Année France-Russie 2010 du 28 mai- 3 octobre, Paris, Palais de Chaillot.
Scénographie de l'exposition Cadeaux des Tsars. La diplomatie navale dans l'Alliance franco-russe, 1891-1914, © Musée national de la Marine/A.Fux
À lire Hors-série Neptunia, Cadeaux de Tsars, La diplomatie navale dans l'Alliance-Russe, 1891-1914, La revue des Amis du musée national de la Marine, mai 2010, 72 pages.
Mise à jour le 28-04-2014
Marjolaine Mourot et Wilfried Zeisler