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Le Monde illustré, dans son numéro du 23 octobre 1858, relate l'incendie en pleine mer du steamer américain l'Austria le 13 septembre précédent. À la lecture du récit on comprend à quel point ce triste événement a pu frapper l'opinion : une traversée ordinaire entre Hambourg et New York se termine par une épouvantable catastrophe, simplement parce qu'un chirurgien a ordonné des fumigations au goudron dans un entrepont ! Sur les quelques cinq cents passagers embarqués à Hambourg et Southampton, seuls soixante sont sauvés des flammes, puis du naufrage, grâce à l'arrivée inespérée d'un trois-mâts nantais qui croise l'Austria en plein milieu de l'océan Atlantique. Le sujet retient l'attention d'Eugène Isabey qui en peint deux variantes dont l'une, de très grandes dimensions (aujourd'hui conservée au musée des Beaux-Arts de Bordeaux) est présentée au Salon de 1859. C'est un régal pour les critiques dont les appréciations sont très fortement partagées. La version présentée ici est composée différemment : Isabey à restreint l'horizon de façon à concentrer l'attention sur les lignes brisées que forment le navire et les deux canots de sauvetage, là où se situent tous les éléments dramatiques de la scène. C'est le feu, plus que la fumée, qui capte le regard et éclaire étrangement la mer.